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Le pari d’Orange Bank

EXPLICATION – Orange a lancé sa banque mobile jeudi 2 novembre en proposant de nombreux services bancaires gratuits. Il devient le premier opérateur téléphonique à tenter l’aventure bancaire, cherchant de nouveaux relais de croissance et comptant sur sa base de 25 millions de clients mobiles.

 

L’offre bancaire d’Orange est-elle inédite en France ?

Orange Bank a été lancée ce jeudi 2 novembre avec l’espoir de séduire le grand public grâce notamment à de nombreux services gratuits et, pour les autres, à des tarifs qui se veulent très compétitifs.

Orange Bank est la première offre bancaire à être lancée en France par un géant des Télécoms. Sans doute pas le dernier. L’un des concurrents d’Orange, Altice (SFR) a annoncé le lancement de sa propre mobile d’ici à 2019.

De leur côté, les banques traditionnelles ont acquis nombre d’acteurs historiques des banques en ligne. BNP Paribas a acquis début 2017 la banque mobile Compte-Nickel, tout en détenant déjà la banque en ligne Hello Bank et une part de C-zam, compte exploité par le géant de la distribution Carrefour. De même, Boursorama a été achetée par Société Générale et Fortuneo par Crédit Mutuel Arkéa…

Par ailleurs, le Crédit Mutuel a annoncé une offre couplant compte bancaire et forfait téléphonique et certaines enseignes se préparent à multiplier des offres à bas coûts. Enfin, des jeunes pousses technologiques s’intéressent aussi à ce marché.

Pourquoi Orange se lance-t-il dans la banque ?

« La France est un pays au marché mature en téléphonie où il y a un taux d’équipement de 110 % en mobiles de la population et de plus de 85 % en Internet,explique Sylvain Chevallier, spécialiste des télécoms chez BearingPoint. Les opérateurs doivent être de plus en plus agressifs sur les prix pour prendre des parts de marché aux concurrents. Surtout, ils doivent trouver de nouveaux relais de croissance. »

 

Selon le spécialiste, des acteurs du digital se sont déjà lancés dans les opérations de paiement mobile, en concurrence avec les banques traditionnelles et les fabricants de téléphones comme Google ou Apple. « En Chine, la carte bancaire n’existe pratiquement pas, explique Sylvain Chevallier.Mais la moindre échoppe affiche ce qu’on appelle un QR Code (un type de code-barres NDLR) que l’on photographie avec son téléphone. Grâce à une application, wechat Pay ou Alipay par exemple, l’échange d’argent se fait entre les deux comptes. »

Mais si les opérateurs téléphoniques se sentent attirés par les opérations de paiement mobile, ce ne serait pas tant pour la rentabilité de ces derniers. « L’enjeu est de monter en valeur, dit l’analyste de BearingPoint. Un opérateur comme Orange ne veut pas laisser les consommateurs s’échapper vers d’autres fournisseurs de paiement mobile qui pourraient leur proposer de nombreux services. Avec sa banque, il compte surtout sur les assurances et les crédits pour lui rapporter des bénéfices. »

Quels sont les atouts et les forces d’Orange dans ce pari ?

L’objectif affiché est d’atteindre 400 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 dans le domaine des services financiers sur mobile, sur l’ensemble des marchés. Et Orange Bank ambitionne d’atteindre plus de deux millions de clients en France d’ici 10 ans.

Pour profiter de ces opportunités, Orange Bank dit dans un communiqué s’appuyer sur la force de son réseau et de ses 140 boutiques habilitées. L’opérateur dit avoir formé 890 collaborateurs pour le lancement de cette offre.

Selon Sylvain Chevallier, le premier atout d’Orange pour réussir son pari, c’est, outre son expérience dans la banque en Afrique mais aussi en Pologne, sa gigantesque base de quelque 25 millions de clients mobiles « dont il connaît parfaitement les usages et les habitudes par rapport aux différents services en ligne ». Ce dernier évoque aussi le réseau de boutiques en France.

Reste à savoir si le pari sera réussi pour l’opérateur. « En France, nos habitudes bancaires sont assez conservatrices, sourit Sylvain Chevallier. On change plus facilement de mobile que de banque et le 100 % digital n’a pas encore convaincu. Reste qu’Orange n’a rien à perdre et se dit prêt à faire bouger le monde bancaire comme Free l’a fait dans la téléphonie. »

 

Michel Waintrop

 


Sources : la-croix.com

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